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Nouvelle catégorie: rapprochements possibles

14 Juil

Pendant une lecture, il nous arrive inévitablement d’établir des liens entre ce qu’on lit et d’autres lectures faites antérieurement. Cela se fait presque de manière naturelle, sans que l’on ait à les chercher, parfois même à notre insu. Ces rapprochements possibles peuvent être de différentes natures. Parfois c’est le style, d’autre fois, les personnages, l’histoire et souvent une atmosphère étrangement comparable. Cela se produit suffisamment régulièrement pour que je décide d’en faire une nouvelle catégorie. Voici deux rapprochements qui m’ont toujours semblé évident, même si, sans réellement chercher, je n’ai pas lu de pareille association.

D’abord La peau de Malaparte m’a étrangement fait penser à La mort dans l’âme de Sartre. Publiés la même année (1949) et avec le même arrière plan de la guerre, j’ai retrouvé la même sensation d’échec et de désarroi face à ces événements. Il a y aussi une écriture qui a vieillit, provenant d’une autre même époque, pourrait-on dire.

Un autre rapprochement peut-être fait entre les deux personnages hors normes de Martinet et de Toole: entre Jérôme Bauche et Ignatius Reilly. Il y a bien un quelque chose qui nous oblige à faire le rapprochement. Est-ce le rapport amour/haine avec la mère? Est-ce la misanthropie? L’incapacité de vivre en société? Le refus de se plier à toutes normes? Ou dans un autre registre, cela à peut-être à voir avec l’écriture et le style: drôle, voire hilarant? Dans tous les cas, deux lectures qui m’ont régalé à peu près de la même façon.

Lecture en revenant de L.A.

20 Août

C’était dans l’avion. Nous venions de terminer une semaine de voyage en groupe dans les rues de L.A., San Francisco, Phoenix, Grand Canyon, San Diego, et j’en passe. On peut dire que nous avons fait pas mal de bagnole pendant ces 10 jours. Nous avions un convoi de trois mini-vans qui se suivaient à la queue leu-leu, suivant un itinéraire relativement stricte, cherchant à voir le maximum de bâtiments modernes.

Pour l’avion, j’avais apporté, par hasard, huit clos de Sartre. On connait l’histoire «l’enfer c’est les autres», et bien, ça tombait à point nommé. L’habitacle d’une voiture, même mini-vans soit-elle, comprime l’espace d’une manière qui permettre de comprendre ou d’illustrer le propos de Sartre. Six dans un mini-vans, pendant des 5 heures d’affilés, un jour après l’autre, ça use. Même si tout le monde fait son effort, il a toujours un moment où la marmite est pleine, et il se produit une escalade d’insultes. À six, ça peut monter très vite, même si certains calme le jeu, ou encore certains croient que le silence soit le meilleur moyen d’exprimer son désaccord. Bah, après, tout le monde se calme, fume une cigarette ou s’étire les jambes en marchant un peu.

C’était l’époque où en avions nous pouvions être seul dans sa rangée. Je me rappelle avoir redemandé deux ou trois fois du café sur un vol de 3h. Les hôtesses avaient le loisir de répondre à nos moindres exigences car, dans mon souvenir, je me trouvais au milieu de 4 rangées vides.  Nous étions tous dispersés, ici et là, tous isolés. Ce n’est pas que le voyage s’était mal terminé, mais un peu d’espace n’était pas de refus. Le propos du livre de Sartre devait donc entrer en résonance avec ce que je venais de vivre, mais au lieu d’accentuer la lecture, cela a eu plutôt l’effet inverse, diminuer l’intensité. Le livre me semblait une pâle copie de ce que j’avais vécu. Il manquait d’éclat.